en peignoir à quinze heures dans une supérette hors de prix
Plus tard
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Quatorze heures.
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Putain, faut vraiment que j’retrouve un rythme correct. Ça devient n’importe quoi… Bon allez, lève-toi connard. Grosse journée aujourd’hui. Deadline dans seulement trois semaines ; il est sérieusement temps de se bouger les miches. Pisse un coup, prends une douche vite fait, mange un bout et puis tu t’y mets. Doit y avoir moyen d’écrire huit pages aujourd’hui. P’t-être même dix. En tout cas, t’en écris au moins cinq ! Sinon t’es foutu. Hors de question de rendre en juin ; ça serait vraiment perdre un an. Un quadri en plus juste pour un mémoire c’est déjà beaucoup trop.
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Quatorze heures trente.
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Il me faut sérieusement une demi-heure pour aller aux chiottes et me laver ?! J’ai la dalle. Doit rester des tartines. Eh merde, j’avais mal fermé le sac. Évidemment, il est tout sec. Immangeable… Pain perdu du coup. Reste des œufs ? Nope. Pourquoi j’m’étonne encore. Dans quel monde j’aurais du bol ? Bon bah, pas trop le choix : va falloir faire des courses. T’façon faut aussi que j’achète mon soup… Ah ben non, pas besoin, j’vais manger chez la madre ce soir. Bon, du coup, je me prends quoi, juste des œufs ? Un peu chiant de me taper une trotte juste pour quelques œufs… Mhh. Autant acheter de la farine avec, comme ça j’fais des crêpes, plutôt. De bonnes crêpes au sucre brun pour bien commencer la journée ! Vraiment pathétique comme réflexion, à deux heures de l’après-m’. Mais passons.
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Quinze heures douze.
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Cet attardé de caissier prend trois plombes pour scanner chaque article. Un quart d’heure de file pour deux produits ; comme si j’avais que ça à foutre… Chaque fois que je vais à un Proxy Delhaize, c’est la même histoire… Pourquoi ils forment pas mieux leurs jobistes, putain ?! J’ai rien contre le fait d’engager des étudiants, mais alors prenez la peine de leur expliquer précisément comment fonctionne une caisse ! C’est pas parce qu’ils sont à l’unif’ qu’ils ont un cerveau… en fac de psycho le QI moyen doit être de 80… Bref. Réfléchissons : environ une heure pour rentrer, préparer la bouffe et manger. Puis j’suis prêt. Une bonne fin d’après-m’/soirée pourave qui s’annonce…
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Seize heures et quart.
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J’ai beaucoup trop mangé. Pourquoi il fallait que j’les bouffes toutes ? Je savais pas en mettre au frigo pour plus tard ?! J’suis complètement con. Aucune chance que j’arrive à me concentrer avec ce mal de bide. Autant regarder une petite série en attendant que ça passe. Disons deux épisodes de Curb, puis j’m’y mets. J’en suis où déjà ? Ah ouais, j’viens de finir la saison six. Merde, j’pensais avoir téléchargé la septième. Putain, 3,7 Gigas à du 220 kilos par seconde, ça va prendre trois ans. Pourquoi c’est aussi lent ? Un épisode de Friends du coup. Pas trop le choix... si j’commence une nouvelle série maintenant, j’vais m’attacher et j’écrirai rien avant de l’avoir terminée. J’suis vraiment un déchet.
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Dix-sept heures vingt-et-une.
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Déjà trois épisodes ?! Putain on se rend pas compte. Du coup, bientôt cinq heure trente et j’en ai toujours pas glandé une. C’est quoi mon problème ? Bon, où en est ce téléchargement ? Ahhh, bien ! 6,8 Mégas par seconde maintenant. Et déjà 80 pourcents de téléchargé. Enfin une "bonne nouvelle". Bon allez, trêve de glandouille. Où est-ce que j’ai foutu l’article sur les décisions sous risque/ambiguïté, déjà ? Pff, quel bordel ce bureau ; tu m’étonnes que j’arrive pas à m’y retrouver, tous ces articles sont empilés les uns sur les autres ! Faut vraiment que j’les trie… Mais pas maintenant, sinon ça va encore prendre une éternité et j’suis sensé écrire. Mais il est où cet article, putain ?! Ah le voilà. Brand et al., 2007 : “Decisions under ambiguity and decisions under risk : Correlations with executive functions and comparisons of two different gambling tasks with implicit and explicit rules”. Passionnant, j’en suis sûr… Bon, c’est parti.
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Dix-sept heures vingt-trois.
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Oh, quoi encore ?! Sérieux, j’peux pas avoir une seconde de répit ? Rah, bordel, il est où ce foutu téléphone ?! Bon. La frangine ? Louche. Depuis quand tu m’appelles, toi ? Qu’est-ce que tu me veux ?
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« Allo ? Je suis en bas de chez toi là, je suis venue à pieds. Tu me rejoins ?
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Quoi ?! De quoi elle parle ? Oh puuutain, on est mardi ! J’avais complètement zappé. Ça va encore bien niquer mon programme ça. En plus j’ai absolument rien révisé, j’vais encore passer pour un énorme tocard.
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Allo ?
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Ben d’accord, qu’est-ce que tu veux que j’te dise ? D’accord, débile. Elle veut que tu dises d’accord.
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— Euhm… ouais. Ouaip. Donne-moi deux minutes ; je pisse et j’arrive. »
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Pourquoi j’me suis inscrit à ce cours, déjà ? O.K., c’est toujours sympa d’apprendre une nouvelle langue, et puis sur le CV ça peut pas faire de mal, mais putain j’ai autre chose à foutre en ce moment que de perdre deux heures à mimer des tortues de mer !
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Dix-sept heures quarante.
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J’me demande vraiment pourquoi le cours est à trente, dans la mesure où ça commence jamais avant quarante-cinq… Dix minutes qu’elle raconte sa vie. Je t’aime bien bouboule : tu es joviale et super sympa, mais franchement la vioque est considérablement plus efficace. On apprend moitié moins à chaque fois que c’est toi qui donnes cours. Toujours à parler de tout et n’importe quoi. Et pour une raison incompréhensible, tout le monde l’encourage. Pourquoi vous l’encouragez, putain ?! Non mais regardez-moi ce bonhomme Michelin qui pouffe au lieu de donner le putain de cours pour lequel elle est payée… Elle a vraiment des joues de Shar Pei, cette femme. Je suppose que c’est le sort réservé à tous les ultraobèses. J’me demande si l’obésité affecte aussi les organes génitaux. J’imagine que oui : tout le reste est impacté, pourquoi pas ça ? Son con doit être répugnant. Caché derrière toutes ces couches de graisse, peu probable qu’elle prenne réellement la peine de le laver proprement. J’me demande si elle est casée. Qui voudrait de ça ? Bah, il doit y avoir quelques dégénérés intéressés. Le seul avantage à baiser une obèse, ça doit être que trouver le clitoris devient un genre de quête. Des heures à se faufiler dans les tranchées en suant à grosses gouttes ; comme en dix-sept. Mais bon, doit y avoir un sérieux risque de mourir étouffé. Ou noyé. Même en missionnaire, toutes ces couches doivent avoir un genre d’effet sable mouvant pour une personne de corpulence normale. Et avec un corps de lâche comme le mien, le risque doit être centuplé. Bon, faut que j’arrête de divaguer ; en plus elles me filent la gerbe toutes mes conneries. Puis, tu baises déjà pas des normales, alors fantasme là-dessus plutôt que de t’infliger cette image-là ? Woaw. Ecoute toi penser, fieux ! Gros raciste. Ça existe raciste des gros ? Grossiste ? Nan, ça c’est un métier… Bon… autant réviser pendant qu’elle raconte sa vie. Comment on fait ‘trouver’ déjà ? "Comme ‘très’ mais petit geste". Quoi ?! Putain ça vaut la peine de prendre des notes… je pige rien deux semaines plus tard. Pas la moindre idée de comment on signe ‘très’, du coup…
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Dix-huit heures vingt.
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Vos histoires ? Comment ça, vos histoires ?! Pourquoi j’suis jamais au courant de rien ?!
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« Merlin, après Mélanie c’est à ton tour. »
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Bordel, qu’est-ce que j’vais bien pouvoir leur raconter ? L’histoire du frelon ? Ouais, elle est assez courte ; et ça devrait être signable. Ça se dit "signable" ? Putain, pas maintenant les questions débiles ! T’as une histoire à mimer. Enfin, à signer. Faut que j’me fasse un pense-bête, histoire que ça ait l’air un minimum préparé. Bon, comment on dit frelon déjà ? J’crois qu’on l’a pas appris. Nan, pas dans la liste ; mais y a abeille et guêpe. Disons grosse guêpe, du coup. Ils l’ont pas vécue cette histoire, comment ils pourraient savoir. Par contre, j’vais encore plus passer pour une tarlouze. Déjà que l’histoire de base est pas glorieuse… Bah, rien à foutre ; mieux vaut raconter une histoire de pédé mais facile qu’une histoire insignable. Bon, comment ça va déjà ? Alors, je fumais un joint chez un énorme déchet quand mon coloc’ m’envoie un texto… O.K., transformons ça en je buvais une bière en ville quand mon ami m’appelle. Comment ça se dit appelle ? Bats les couilles, je mimerai un mec qui répond au téléphone. Donc il m’appelle et me dit qu’il y a une énorme guêpe dans la salle de bain. Putain mais ça va être beaucoup trop long. Bon, j’fais une ellipse sinon j’m’en sortirai jamais. Disons que je coure – comment on signe courir ? bah, je mimerai – et j’arrive à la maison. Attends, mais en fait cette histoire a pleins de détails super compliqués ; laisse tomber. Pourquoi je pensais que ça serait facile ? Bon, j’invente du coup. T’façon j’allais pas raconter la partie où j’arrive pas à me branler de peur que l’animal me pique la bite… Du coup : je monte les escaliers. Facile à dire. J’ouvre les fenêtres. Facile à dire. Puis on va dire que j’ouvre la fenêtre pour que le frelon – enfin la guêpe du coup – parte par la fenêtre. C’est risible ; dans quel monde j’aurais les couilles "d’affronter" un frelon. Enfin, là c’est censé être une grosse guêpe, c’est crédible. Du coup je dis quoi, elle part par la fenêtre et… fin ? Un peu nulle comme histoire.
« Merlin, à toi ! »
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Merde. Bon, j’improviserai une fin un peu plus palpitante. Dire que j’devrais être en train de travailler à fond sur mon mémoire, qui est dû pour archi bientôt et dont même pas la moitié est écrite, et que j’me retrouve à un cours de langue des signes sur le point de signer une histoire ridicule au possible sans aucune préparation. J’ai vraiment le sens des priorités…
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Dix-neuf heures trente.
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J’espère que ça va pas être trop long ; elle a tendance à pas savoir s’arrêter… J’aurais pas mieux fait de lui dire que j’pouvais pas parce que j’ai trop de boulot ? Nan, j’allais pas cracher sur un repas gratos... puis c’est le meilleur moyen pour qu’elle me harcèle de questions problématiques… puis les spaghett' ça va cinq minutes... Trois ans à koter, ça commence à faire beaucoup de pâtes. Un bon repas avant une soirée de travail, c’est essentiel.
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« Ça avance ton mémoire ?
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Évidemment, je pouvais pas y couper. Bon après je peux pas lui en vouloir, c’est pour dans trois semaines...
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— Ouais, ça va. Aujourd’hui, j’ai pas encore vraiment avancé, mais j’vais passer ma soirée dessus. Du coup, je reste pas longtemps.
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Hop, ça c’est placé.
— Il te reste beaucoup ?
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A fond putain, j’suis nulle part ! Si tu savais, tu ferais une syncope.
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— Quand même, mais c’est surtout la partie empirique que j’ai pas encore écrite, ça ira vite.
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En tout cas, c’est ce qu’on m’a dit. Et ça a foutrement intérêt à être vrai, autrement je suis totalement baisé.
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— Val t’a déjà aidé pour les stats ?
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Non ; j’en suis pas du tout, mais alors pas du tout du tout là, tristement.
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— Je lui ai pas encore demandé, mais c’est pour bientôt.
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Merde, elle commence à grincer les dents.
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C’est la toute fin les stats, tracasse. Je rendrai à temps.
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Putain ouais j’rendrai à temps ! Même si je dois faire dix nuits blanches d’affilées ! Elle a pas l’air convaincue ; elle me connait.
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— C’est maintenant qu’il faut mettre le paquet, hein ! C’est la dernière ligne droite, il faut mettre les bouchées doubles ! Tu dois tout donner !
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Une, deux, trois, quatre platitudes. Encore une pour la route ? Je réponds quoi à ça ?
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— Ouais, je sais bien…
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Elle m’a vu lever les yeux au ciel ; aïe...
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— Ça serait quand même con de rater parce que tu as passé tes journées à regarder des films au lieu de travailler, quoi ! »
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Grillé. Elle a pas tort en plus : c’est pas un blocus classique, il suffit pas de juste lire la veille en espérant qu’on se rappellera de suffisamment de la matière pour avoir les dix. Même en visant la moitié, je dois rendre un travail décent. Fini, en tout cas. Merdique, d’accord, mais terminé. Putain…
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Vingt heures vingt.
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J’arrive jamais à travailler quand il y a quelqu’un dans la pièce ; ça me perturbe. Le monde du travail risque de m’apprécier… T’es sérieux là, quel travail ? Bon, il me reste quoi… sept, huit heures devant moi. Large. Du coup, c’est quoi le plan ? Je regarde un petit film le temps que Benji aille se coucher, puis j’m’y mets ? Mhh, j’sais pas, j’aime pas trop regarder un film quand y a du bruit. Bon, après c’est vrai qu’il fait jamais de bruit, à part les clics de souris ; sociopathe... Puis c’est pas comme s’il allait commencer à causer ; c’est beaucoup s’il a engagé deux conversations en trois ans de coloc’. Après j’aime pas trop mater un film avec les lumières allumées ; ça fait pas ambiance ciné. Un petit peu de League of Legends ? Ça fait longtemps. Il est occupé ? En duo c’est plus marrant.
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« Pas chaud d’faire un p’tit LoL ?
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Il hésite ; il doit probablement réfléchir au fait qu’on va tous les deux s’énerver à mort à cause de tous les attardés avec qui on va tomber ; comme à chaque fois.
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— Allez, on peut se faire une petite game. »
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Il craque quand même, comme à chaque fois. Une "petite game", qu’il dit… la bonne blague ! on n’a jamais fait une seule partie. Y en a toujours une deuxième, et une troisième, et souvent une quatrième.
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Vingt-trois heures douze.
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J’vais péter un câble… Quelle belle brochette de fils de putes, putain ! Sur trois parties, pas une seule d’agréable. Rien à faire, sur ce jeu comme dans la vie de manière générale, les gens ne pensent qu’à leurs gueules. Aucune réflexion, aucun travail d’équipe. Une prise de décisions à vomir. C’est tellement irritant, putain ! Il est absolument inenvisageable que je travaille dans cet état. Il faut que je me calme, sinon j’arriverai à rien. Est-ce qu’il me reste un peu de beuh ? Nan… putain ! Pourquoi est-ce que j’en garde jamais un peu sur le côté au cas où j’me retrouve dans ce genre de situation ? Mhh, probablement parce que t’es extrêmement souvent dans ce genre de situation et que t’as pas l’argent pour devenir un véritable toxicomane… J’crois qu’il est plus que temps d’arrêter ce jeu... C’est toujours pareil : chaque fois je l’sais à l’avance, et chaque fois je lance quand même. Et chaque fois j’ai des envies de meurtre ! Quelle brochette de trous de cul ! Tous autant qu’ils sont ! Ils cancérisent mon cerveau, c’est pas sain. O.K., calme-toi Merlouche. Ça sert à rien de s’exciter autant. Ni de ruminer d’ailleurs. Change-toi les idées. Mais comment ? Un film ? Ouais. Un bon film, ça détend toujours ! Mais un pas trop long, faut quand même que je bosse, bordel ! Une comédie. C’est court, une comédie, en général, et si elle est marrante j’serai d’une humeur idéale pour travailler. Pas le temps de télécharger, prenons un truc que j’ai déjà vu. Rio ne répond plus ? Un grand classique ; et une valeur sûre ! Ce sacré Hubert, toujours le mot pour rire. Un pur moment de bonheur ce film. C’est quand qu’ils sortent le trois d’ailleurs ? Y en a un de prévu, non ? Ca fait longtemps qu'ils en parlent plus. Merde, j’espère que le projet est pas mort. Faudra que j’aille vérifier. Bon, je l’ai au moins ce film ? Ah, le voilà. Oh, merde : qualité DVDRIP… Immonde, mais on s’en contentera. Je pisse et puis j’lance.
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Une heure du mat’.
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Toujours rien glandé de productif. Aujourd’hui est un jour de merde. La logique voudrait que je lance Word, non ? Alors pourquoi, bordel de merde ! est-ce que j’ouvre un bouquin ?!
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Trois heures quatre.
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Déjà ?! Sérieusement ? Le pire c’est que j’passe la moitié de mon temps de "lecture" à rêvasser, à regarder dans le vide comme un pur autiste, à penser à toute autre chose. Tiens, c’est toute autre chose ou tout autre chose ? Bon, on va pas se mentir, je commence à être crevé. Ça sert plus à rien de bosser aujourd’hui, je serai clairement pas productif. Putain j’ai absolument rien glandé de la journée… j’ai pas écrit une foutue ligne. J’suis vraiment un déchet humain ! Du coup, j’fais quoi ? J’vais pas aller dormir maintenant quand même. J’me suis levé à, quoi, deux heures de l’après-m’ ? Si j’vais au lit maintenant j’aurai fait une journée de treize heures ; c’est pas une vie ça… puis t’façon j’ai pas encore bu mon dernier demi-litre ; pas envie d’crever de soif toute la nuit. J’mangerais bien un bout aussi. Reste le pain tout sec de c’matin. C’est pas dingue mais bon, on va pas gaspiller. Ça fait comme des petits chips dégueulasses. Oh meeerde ! Encore oublié de remplir la bouteille. Bon bah, au congélo… Du coup, si je compte la demi-heure qu’il faut pour qu’elle refroidisse et les dix minutes qu’il faut pour la boire… Il sera genre trois heures quarante-cinq à peu près. P’is à ça faut rajouter une bonne heure pour la pisser, sinon à coup sûr je me réveille en plein milieu de la nuit pour aller aux chiottes... donc j’vais pioncer vers cinq heures, ça me parait correct. Je gagne une heure par rapport à hier ; peut-être que je pourrai enfin bosser un peu demain ! Du coup je fais quoi pendant une heure quarante ? Un autre film ? Ça serait un peu craquer non ? D’un autre côté, y a deux OSS 117. Enfin, deux avec Dujardin. Et il me semble que Le Caire, nid d’espions dure justement une heure quarante. Craquage complet ou volonté divine ? la question mérite d’être posée. « Comment est ma blanquette ? » aussi. Bon, je l’ai au moins ? Yep, le voilà. Qualité DVDRIP aussi, tant pis. Une heure trente-neuf, j’y étais presque. Allez Hubert, divertis-moi à nouveau !
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Quatre heures quarante-huit.
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Le temps de faire ma popote… cinq heures ? Parfait timing, petit merle. C’est vraiment chelou les brosse-à-dents électriques : chaque fois j’appuie comme un beauf alors qu’il suffit de poser le truc sur la dent et laisser tourner. J’en sais rien, j’aime pas cette passivité. On se fait chier. Y a plus qu’un fond de Clearasil… faudra en racheter. Pourquoi est-ce que j’ai encore de l’acné à vingt-quatre ans ? Bon d’accord, pas beaucoup, mais quand même ! Saloperie de Roaccutane inutile ! Normalement je devrais plus jamais en avoir ! « Le traitement le plus efficace » qui soit mes couilles… C’est toujours sur moi que ça tombe, les merdes comme ça. Tu vas voir qu’un jour j’vais me choper la rage ou un cancer de la vessie ou un truc complètement improbable du genre… Allez, je pisse et j’vais faire dodo. J’suis flingué.
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Six heures.
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Pourquoi j’arrive pas à dormir putain ?! Je suis cre-vé ! La logique voudrait que je m’endorme illico ! Au lieu de ça je fais que penser au fait que j’arrive pas à dormir, puis au fait que je pense qu’au fait que j’arrive pas à dormir… Y a quelque chose qui tourne pas rond. Va voir un psy, sérieux… Bon ben, pas le choix : réveil réglé sur quatorze heures… Autrement, j’me connais, la fatigue sera la parfaite excuse pour procrastiner toute la journée. Et même si j’arrive à trouver la motivation, je serai trop flingué pour être réellement efficace.
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Quatorze heures.
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Putain, faut vraiment que j’retrouve un rythme correct. Ça devient n’importe quoi… Bon allez, lève-toi connard. Grosse journée aujourd’hui. Deadline dans seulement trois semaines ; il est sérieusement temps de se bouger les miches. Pisse un coup, prends une douche vite fait, mange un bout et puis tu t’y mets. Doit y avoir moyen d’écrire huit pages aujourd’hui. P’t-être même dix. En tout cas, t’en écris au moins cinq ! Sinon t’es foutu. Hors de question de rendre en juin ; ça serait vraiment perdre un an. Un quadri en plus juste pour un mémoire c’est déjà beaucoup trop.
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